dimanche 27 février 2011

Battle Hymn of the Tiger Mother

Battle Hymn of the Tiger Mother est un ouvrage qui a fait couler beaucoup d'encre Outre-Atlantique et qui a même reçu les honneurs des médias du monde entier. Amy Chua, l'auteure, est une américaine née de parents chinois, mariée à juif américaine, professeure de droit à l'école de droit de Yale et mère de deux filles aujourd'hui adolescente.

Battle Hymn of the Tiger Mother est un texte autobiographique où Amy Chua explique ses principes et méthodes d'éducation "à la chinoise" (même si l'auteure précise bien que ce n'est pas un absolu) en contradiction avec l'éducation occidentale tel que pratiqué par la plupart des parents américaines (et sans doute européens également). Le livre est agréable à lire et le portrait qu'Amy Chua dessine d'elle même n'est pas exempt d'ironie et de trait d'esprit.

Ce qui a fait débat aux États-Unis c'est le modèle éducatif qu'elle prône : les parents sont là pour pousser armer leurs enfants pour le futur. Par conséquent ces derniers doivent consacrer tout leur temps à progresser vers ce but. Il est ainsi hors de questions que ses enfants perdent du temps avec des activités oisives (soirées pyjamas, réunions avec d'autres parents pour jouer, regarder la télé toute la journée, etc.). Selon "l'éducation à la chinoise", les enfants ne doivent être bon, mais les meilleurs. Une bonne note n'est pas suffisante, il faut la meilleur note; la seconde place n'est pas la bonne, la première l'est; une heure de pratique d'un instrument de musique par jour n'est pas une répétition trois ou quatre heure oui, etc.

Dans la manière d'élevé ses enfants, même si elle s'en défend, Amy Chua est une vraie "controle freak" qui veut amener ses enfants à l’excellence. Ce qu'elle arrive à faire; ses deux filles sont de très bonnes élèves, sa fille ainée une pianiste hors-paire qui a déjà donnée plusieurs récitals, sa fille cadette une très bonne violoniste. Mais cette réussite a un prix, Amy Chua n'a laissé aucun répit à ses filles et s'est heurtée violemment à sa fille cadette jusqu'à une adolescence (en cours) particulièrement difficile et qui l'a particulièrement remise en question (elle a même autorisé sa fille a arrête le violon !).

La lecture de cette essaie m'interroge sur ce que je veux pour ma fille (deux ans dans quelques jours) et sur la nécessité de la pousser en avant et de (d'ici quelques années) de lui faire parfois violence pour son propre bien. Mais en même temps, j'ai l'impression que la vision de l'éducation d'Amy Chua est une vision très bourgeoise et élitiste. En effet, si poussé ses enfants vers l'excellence est sans doute une bonne chose, il n'est pas possible pour tout le monde d'être le meilleur et le premier. Et si la "mère tigre" semble penser que c'est à la portée de tout le monde de passer des heures avec ses enfants pour les entrainer et les amener à l'excellence, elle passe totalement à côté du fait que pas tous le monde à les moyens de payer de nombreux cours de musique à ses enfants, que pas tout le monde à les moyens d'avoir une "nanny" parlant le mandarin pour que ses enfants deviennent bilingue, que pas tout le monde à les moyens de maitriser l'ensemble du cursus scolaire et extra-scolaire afin de driller et d'appuyer ses enfants.

En fin de compte j'ai pris grand plaisir à cette lecture et cela me pousse à une réflexion plus globale sur l'éducation que je souhaite donné à ma fille, mais dans le même temps je ne partage pas la vision du monde, la vision d'une "vie réussie" et la vision de classe d'Amy Chua.

2 commentaires:

Cédric Ferrand a dit…

J'ai écouté une émission de radio sur ce livre dans laquelle une québécoise d'origine vietnamienne expliquait qu'elle était dans le même courant de pensée qu'Amy Chua. Elle racontait que pour son anniversaire, ses filles lui avaient offert une carte d'anniversaire bâclée (selon ses critères) et qu'elle les avait donc obligé à en refaire une.

Ce genre de dressage peut fonctionner si tu vis en vase clos, mais en Amérique du nord, où ton gamin est en contact avec d'autres réalités éducatives, il va vite y avoir une friction entre les pratiques extrêmes à la chinoise et la norme occidentale. D'où des gamins en crise qui sont écartelés entre l'excellence et l'adolescence.

Je vis à la frontière du Chinatown montréalais et les fins de semaine, je vois de jeunes enfants avec le cartable sur le dos car ils vont à des cours complémentaires, même le dimanche.

Je ne sais pas si cette éthique de travail est juste le produit de l'éducation "communiste" ou si c'est quelque chose de plus ancrée dans la culture chinoise et que l'actuelle montée en puissance de la Chine exacerbe.

Pour contrebalancer, je ne trouve pas les Québécois plus cool avec leurs gamins. Certes, les parents ne foutent pas la pression pour les cours, mais il faut voir le rythme frénétique qu'ils imposent à leur progéniture pour en faire des champions de hockey. On se lève à l'aurore le dimanche pour aller à l'aréna, on s’entraîne toute la semaine. Et il faut voir comment on dresse les petits gars à devenir des boxeurs sur glace, c'est sidérant. C'est du sport, mais les valeurs véhiculées par le hockey sont à peine plus supportables que l'enfance sans jeu à la chinoise.

Cedric Jeanneret a dit…

l’anecdote de la carte d'anniversaire est dans le livre d'Amy Chua.

Ce que tu dis sur l'éducation "à la Québecoise" est assez effrayant également.

En fin de compte c'est surtout une question de valeurs à transmettre et de la manière dont on souhaite les transmettre.