Kanthapura est un des "classiques" de la littérature indienne contemporaine de langue anglaise. Raja Rao, son auteur, propose ici un roman en anglais mais qui se veut fondamentalement indien dans sa rédaction.
On y suit l'histoire d'un petit village indien, Kanthapura, dans les années 30 alors que le gandhisme se repend en Inde. C'est bien sur à son introduction dans le village et aux nombreuses conséquences que le mouvement d'indépendance aura pour ses habitants que nous convie Raja Rao.
Si l'histoire est intéressante, c'est surtout la manière dont elle est racontée et la manière dont le roman est écrit qui m'ont interpelé. En effet, la narratrice du roman est une habitante de Kanthapura qui raconte après coup et sous forme de commérages les différents évènements dont elle a été actrice et témoin. Il émane donc de la narration un sentiment de masse, les nombreux noms des habitants du village sont lancés à la cantonade comme si le lecteur savait qui ils étaient, de proximité et de vitesse propre aux commérages. Mais dans un sens c'est là toute l'indianité du roman qui fait passé à la fois le débit de parole propre à l'hindi (du moins c'est le but annoncé par l'auteur dans sa préface et qui me semble atteint) et le sentiment de nombre qu'un pays de la taille de l'Inde impose à ceux qui s'intéresse à lui.
Au final donc un roman passionnant mais dont la lecture n'est pas toujours facile; l'identification des différents personnages et le sentiment de collectivité invite à se laisser porter et pourrait rebuter les plus précis des lecteurs. De même, l'utilisation de nombreux mots d'hindi et la sensation de "fuite en avant" de la narration donne parfois un peu le vertige. Mais l'effort en vaut la peine tant le roman dépeins avec sucés la lutte pour l'indépendance vue depuis le "quidam".
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