Hasard du calendrier, je m'attaque au roman de SF, au sens strict, The Lifecycle of Software Objects alors que celui-ci est auréolé de deux récents prix prestigieux : le Hugo et le Locus pour la meilleur novella (roman court).
Ce roman s’intéresse à l'émergence d'IA mais en ne prenant pas le pari, comme beaucoup d'auteurs de SF, d'une émergence rapide grâce à la programmation d’intelligence "prête à l'emploie" mais plutôt d'une émergence lente grâce à l'éducation et aux interactions avec des êtres humaines. Un développement, en somme, proche de celui de l'être humain lui-même.
Ted Chiang, l'auteur, propose de suivre les pas de deux informaticiens, Ana (programmatrice ayant travaillé dans un zoo) et Derek (chargé de l'animation et du graphisme) sur une période de dix ans. Engagé par une société d'informatique afin de développer et d'entrainer des animaux de compagnie virtuel basé sur un ADN informatique pour un univers proche de Second Life, ils vont vivre la genèse, le développement et le déclin de ses "animaux" de compagnie informatique. En étant dans le premier carré et dans le dernier groupe, ils vont les faire évoluer ver l’intelligence et l'indépendance.
Admirablement bien écrit, The Lifecycle of Software Objects aborde plusieurs questions importantes sur le développement des IA : développement de inintelligence, utilisation commercial, sexualisation, lien entre l’intelligence et les interactions sociales, indépendance, liens entre le monde virtuel et le monde réel, etc. Un article récent dont je ne retrouve plus la source disait qu'avec le développement de l’intelligence artificiel, la définition de ce qu'est l’intelligence serait modifiée en permanence afin de ne pas considérer des programmes informatiques comme intelligent; ce n 'est pas loin d'être ce que propose Ted Chiang.
Finalement, ce roman ne propose pas une vision singulariste du développement des IA, mais un développement par le chemin lent de la maturation par l'expérience et les interactions sociales. Si vous ne deviez lire qu'un roman de SF cette année cela devrait être celui-ci !
6 commentaires:
Oh que ça me tente ça
Ça me fait vaguement penser à La cité des permutants de Greg Egan.
Pour répéter ce qui est dis plus haut, c'est vrai que ça à l'ai tentant.
Tentant, certes, mais en français ce serait mieux (surtout de la hadr-SF)...
Des infos sur ce point ?
pas d'info sur une sortie française, mais vu les prix qu'il a reçu cela ne me surprendrait pas plus que cela qu'il sort traduit l'année prochaine.
C'est excellent. Chronique demain (j'espère).
ravi que cela t'ai plus.
Après lecture je crois qu'il devient facile de comprendre la liste des prix gagnés par ce bouquin.
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