J’ai pas mal hésité avant d’écrire une chronique sur le recueil d’articles et d’entretiens (publiés sur le Net, sauf pour un inédit, entre 2006 et 2014) de Romaric Briand. Il s’agit de réflexions et d’analyses sur le jeu de rôle qui sont minutieusement construits. Mes hésitations viennent du fait que je n’ai pas le temps d’argumenter avec la même profondeur que l’auteur et donc que je crains que ma chronique ne soit perçue comme trop superficielle. Ceci étant dit, lecteur, te voila prévenu, je peux maintenant écrire ma chronique l’esprit en paix.
Romaric Briand est philosophe de formation, spécialisé en métaphysique, et roliste. Il propose ses réflexions sur le jeu de rôle qui sont pour lui une manière de philosopher dans le sens où la pratique du jeu de rôle permet d’apprendre des choses sur l’humain et sur notre réalité (il est d’ailleurs créateurs d’une série de jeux, que je n’ai pas lu, qui pousse à cela).
Les réflexions qu’il propose dans ses articles et interviews portent donc sur ces différents éléments. Il réfléchit par exemple à ce que cela signifie de créer un univers fictif de jeu de rôle et un système de résolution des actions (la question est d’ailleurs posée de savoir si ces deux éléments sont vraiment distincts). Il discute également de l’impossibilité de créer/interpréter un personnage différent du joueur, en argumentant, de manière convaincante, que le personnage ne se différencie seulement que dans le sens où il est une réduction du joueur, une stéréotypassions d’un aspect de ce dernier.
L’auteur discute également de sa vision du marché de l’édition du jeux de rôle. Une vision, dont l’évolution est clairement perceptible dans la lecture chronologique du recueil, qui se porte avant tous sur un versant le moins commercial (dans l’acceptation capitaliste du terme) possible de la culture.
Finalement, et principalement dans le dernier article, inédit, du recueil, il développe le concept de Maelstrom pour décrire l’aspect fictionnel de ce qui est créer dans une partie de jeux de rôle. Le Maelstrom étant à la fois la production fictionnelle de la partie, mais également l’ensemble des fictions possibles pour chaque joueur durant le jeu.
Le recueil, pour qui s’intéresse à le « jeuxderologie », est intéressant à lire. Il est cependant souvent agaçant. L’auteur a une manière d’écrire et de présenter ses idées qui semblent pédant et élitiste. En réfléchissant sur ce qui me donnait cette impression, j’en suis arrivé à la conclusion que cette impression nait de l’absence de précaution oratoire de la part de Romaric Briand. Il donne en effet le sentiment de détenir la Vérité et que son analyse est la seule pertinente. Hors il s’agit d’une analyse d’un philosophe, sa validité est donc comprise dans le champ de la philosophie. Sa manière d’ignorer les apports possibles des autres disciplines (sociologie, littérature comparée, etc) est désagréable et, pour moi, nuit à son propos.
Il est possible de se procurer l'ouvrage sur le site de son auteur.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire